Le prix de littérature sacre le Hongrois Laszlo Krasznahorkai, un « classique vivant » aux visions prophétiques, tandis que le Nobel de Chimie récompense une percée majeure dans les matériaux poreux.

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C’est un jour qui marquera l’histoire des lettres et de la science. L’Académie royale des sciences de Suède a dévoilé ce jeudi ses lauréats pour les prestigieux prix Nobel 2025, couronnant d’un côté la puissance visionnaire de la littérature et de l’autre, une innovation chimique aux promesses immenses. Un coup de projecteur venu du Nord sur des géants de l’ombre.

Krasznahorkai, le Prophète de l'Apocalypse

Le nom de Laszlo Krasznahorkai, 71 ans, résonne désormais dans le panthéon des immortels. L’écrivain hongrois s’est vu décerner le Prix Nobel de littérature 2025 « pour son œuvre captivante et prophétique qui, au milieu de l'horreur apocalyptique, réaffirme la puissance de l'art ». Une consécration pour cet auteur secret, à la fois « classique vivant » et figure d’avant-garde.

L'Académie suédoise salue en lui « un grand écrivain épique » héritier de la grande tradition centre-européenne, celle de Kafka et de Thomas Bernhard, avec son lot d'absurde et de grotesque. « Cependant, il a d'autres facettes. Il se tourne également vers l'Orient, adoptant un ton plus contemplatif et subtilement ciselé », nuance le comité, dépeignant un artiste aux multiples visages.

Né à Gyula en 1954, Krasznahorkai, lauréat du Prix International Booker en 2015, forge une œuvre exigeante. Ses romans, véritables paraboles anti-utopiques, explorent l'existence d'individus perdus dans un monde clos, privé de perspectives. Une littérature qui, en dépeignant l'effondrement, trouve paradoxalement une lueur de beauté et de résistance. Plusieurs de ses œuvres ont été portées à l'écran, étendant l'audience de son univers unique.

La Révolution des Carcasses Métallo-Organiques

De l’autre côté de l’Atlantique et jusqu’au Japon, une autre forme de génie est célébrée. Le Prix Nobel de Chimie 2025 est attribué conjointement au Japonais Susumu Kitagawa, à l’Australien Richard Robson et à l’Américain Omar Yaghi. Leur découverte ? Le développement des « carcasses métallo-organiques » (MOFs).

Ces scientifiques ont élaboré une nouvelle architecture moléculaire, créant des structures poreuses à l'échelle nanométrique capables de piéger, stocker et transporter des gaz ou d’autres substances avec une efficacité remarquable. « Les carcasses métallo-organiques ont un énorme potentiel, ouvrant des possibilités inédites pour créer des matériaux individuels dotés de nouvelles fonctionnalités », a déclaré avec enthousiasme Heiner Linke, président du comité Nobel de chimie.

Cette percée ouvre la voie à des applications révolutionnaires : captage du CO? pour lutter contre le changement climatique, stockage d'hydrogène pour les énergies propres, ou encore délivrance ciblée de médicaments dans le corps humain.

Une Célébration du Génie Humain

En une seule annonce, l'Académie de Suède a donc honoré deux facettes de la créativité humaine : celle qui sonde les abîmes de l'âme avec les mots, et celle qui réinvente la matière au service de l'avenir. Krasznahorkai et les pères des MOFs deviennent, ce jour, les symboles éclatants de cette quête perpétuelle de sens et de progrès.
 

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2025 Nobel Season: Krasznahorkai's Dark Epic Crowned, Chemistry Revolutionized by Metal-Organic Frameworks

The Literature Prize awards Hungarian Laszlo Krasznahorkai, a "living classic" with prophetic visions, while the Nobel in Chemistry rewards a major breakthrough in porous materials.

 A day that will mark the history of letters and science. The Royal Swedish Academy of Sciences unveiled its laureates for the prestigious 2025 Nobel Prizes this Thursday, crowning both the visionary power of literature and a chemical innovation with immense promise.

Krasznahorkai, the Prophet of the Apocalypse

The name of Laszlo Krasznahorkai, 71, now resonates in the pantheon of immortals. The Hungarian writer was awarded the 2025 Nobel Prize in Literature "for his captivating and prophetic work which, amidst apocalyptic horror, reaffirms the power of art." A consecration for this secretive author, both a "living classic" and an avant-garde figure.

The Swedish Academy praises him as "a great epic writer" heir to the great Central European tradition of Kafka and Thomas Bernhard, with its share of absurdity and grotesqueness. "However, he has other facets. He also turns to the East, adopting a more contemplative and subtly chiseled tone," the committee nuances, depicting a multi-faceted artist.

Born in Gyula in 1954, Krasznahorkai, winner of the 2015 International Booker Prize, forges a demanding body of work. His novels, veritable anti-utopian parables, explore the existence of individuals lost in a closed world, deprived of perspectives. A literature that, by depicting collapse, paradoxically finds a glimmer of beauty and resistance. Several of his works have been adapted for the screen, expanding the audience for his unique universe.

The Metal-Organic Frameworks Revolution

Across the Atlantic and as far as Japan, another form of genius is celebrated. The 2025 Nobel Prize in Chemistry is jointly awarded to Japan's Susumu Kitagawa, Australia's Richard Robson, and America's Omar Yaghi. Their discovery? The development of Metal-Organic Frameworks (MOFs).

These scientists have developed a new molecular architecture, creating porous structures on a nanometric scale capable of trapping, storing, and transporting gases or other substances with remarkable efficiency. "Metal-organic frameworks have enormous potential, opening up unprecedented possibilities for creating individual materials with new functionalities," said an enthusiastic Heiner Linke, chair of the Nobel Committee for Chemistry.

This breakthrough paves the way for revolutionary applications: capturing CO? to fight climate change, storing hydrogen for clean energy, or targeted drug delivery in the human body.

A Celebration of Human Genius

In a single announcement, the Swedish Academy thus honored two facets of human creativity: one that probes the depths of the soul with words, and one that reinvents matter for the sake of the future. Krasznahorkai and the fathers of MOFs become, this day, the shining symbols of this perpetual quest for meaning and progress.
 

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Viviane GEMELE

 

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