Cameroun - Economie. Commerce informel : Nigeria, RCA et Gabon, le trio qui alimente les marchés camerounais dans l’ombre

cameroun24.net Vendredi le 10 Octobre 2025 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Selon les dernières données publiées par l’Institut national de la statistique (INS), le commerce transfrontalier informel du Cameroun a poursuivi sa vitalité en 2024, malgré les efforts de régulation et de surveillance aux frontières.

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Les échanges non enregistrés, en hausse dans plusieurs corridors, révèlent une réalité économique incontournable : celle d’un pays dont une part significative des approvisionnements provient encore de circuits parallèles.

La RCA, poumon vivrier des zones frontalières

Les importations informelles en provenance de la République centrafricaine (RCA) ont progressé de 12,1 %, atteignant 2,9 milliards FCFA en 2024, soit 1,1 % du total des échanges non enregistrés du Cameroun.
Après un recul observé en 2023, cette reprise s’explique par la forte demande en farines et légumes, qui concentrent à eux seuls près d’un tiers (32,9 %) des flux informels.
Le pays voisin s’impose ainsi comme un fournisseur clé de produits vivriers, notamment dans les régions frontalières où le commerce reste intense. À côté de l’agriculture, les matériels de fabrication artisanale de meubles (10,9 %) et le charbon de bois (9,8 %) confirment la vitalité du petit commerce transfrontalier.
Bois de chauffage, viandes fraîches, tubercules, huile de palme brute, fruits, savons et détergents complètent un tableau riche et varié d’échanges informels, ancrés dans les besoins quotidiens des ménages.

Le Nigeria, champion incontesté du commerce informel

Avec 66,5 % des importations non enregistrées du Cameroun en 2024, pour une valeur de 176,58 milliards FCFA, le Nigeria reste de loin le premier fournisseur informel du pays.
Les carburants nigérians dominent le marché de la contrebande, représentant 33 % des exportations frauduleuses vers le Cameroun.
Ils sont suivis par les chaussures (12,1 %), dont les ventes ont bondi de +170,8 % sur un an, atteignant 21,2 milliards FCFA. Les eaux minérales et boissons ont également grimpé de +77,4 %, tandis que les matériaux de construction explosent de +148,9 %.
En revanche, les motocycles (-61,6 %), tissus de coton (-35,1 %) et bovins (-56,6 %) enregistrent de fortes baisses, traduisant une évolution structurelle des flux informels.
Selon l’INS, cette résilience du commerce parallèle s’explique notamment par une amélioration du climat sécuritaire dans les régions de l’Extrême-Nord et du Nord-Ouest, principales portes d’entrée de ces marchandises.

Le Gabon, un partenaire discret mais constant

Sur le front sud, les importations informelles depuis le Gabon se maintiennent entre 2,2 et 2,4 milliards FCFA sur la période 2022-2024.
Trois produits dominent désormais les échanges :

  • Riz décortiqué (33,5 %) ;
  • Viandes et abats comestibles (28,1 %) ;
  • Carburants et lubrifiants (16,5 %).


À eux seuls, ils représentent près de 80 % des flux informels. Ces marchandises transitent principalement par les zones frontalières du Sud Cameroun, où elles sont rapidement écoulées sur les marchés locaux.
Le Gabon offre souvent des produits plus accessibles et meilleur marché, nourrissant un commerce informel difficile à endiguer malgré la vigilance douanière.

Entre complémentarité et défi de formalisation

Au-delà des chiffres, ces échanges traduisent une forte interdépendance économique entre le Cameroun et ses voisins. Si le commerce informel demeure un vecteur vital d’approvisionnement pour de nombreuses communautés rurales, il représente aussi un manque à gagner fiscal important.
L’enjeu désormais est de canaliser ces flux vers les circuits formels, tout en maintenant la fluidité d’un commerce de proximité profondément enraciné dans la vie économique sous-régionale.
 


Informal Trade: Nigeria, CAR, and Gabon – The Hidden Lifelines of Cameroonian Markets

According to data from Cameroon’s National Institute of Statistics (INS), informal cross-border trade remains a crucial driver of the country’s economy.
In 2024, Nigeria, the Central African Republic (CAR), and Gabon emerged as the top three sources of unrecorded imports.

From fuel smuggling from Nigeria (33% of illegal exports) to agricultural products from CAR (+12.1%), and staple goods from Gabon (2.4 billion FCFA), informal flows continue to sustain local markets, especially in border regions.
Despite efforts to tighten customs controls, these exchanges illustrate deep economic interdependence and the need for coordinated trade policies to formalize this crucial yet shadowy sector.
 

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Didier Cebas K.

 

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